Vaccination des enfants : rattrapons notre retard

Lettre d'opinion des Dres Charu Kaushic et Christine Chambers
Publiée dans le Hill Times, le 24 janvier 2025 (en anglais seulement)

Canadiennes et Canadiens, nos enfants souffrent pour rien.

Ces trois dernières années, nous avons observé une hausse fulgurante des infections évitables chez les enfants, notamment la rougeole, la coqueluche et certains virus respiratoires, qui, conjuguée à la triade de la COVID-19, de l’influenza et du virus respiratoire syncytial (VRS), a imposé un lourd fardeau à notre système de soins de santé.

La bonne nouvelle, c’est que ces infections sont facilement évitables par la vaccination.

Une publication de l’Agence de la santé publique du Canada démontre qu’au Canada, la vaccination systématique a éradiqué la poliomyélite, en plus de diminuer de plus de 99 % le nombre de cas de rougeole, de diphtérie et de rubéole, de 98 % celui d’oreillons et de 87 % celui de coqueluche. La vaccination aide à prévenir ces infections chez les enfants, les protégeant ainsi des potentielles complications graves, pouvant aller jusqu’au décès.

Les vaccins protègent aussi l’ensemble de la population canadienne. Si elle est adoptée par une grande partie de la population, la vaccination réduit la propagation des maladies et protège les personnes qui ne peuvent se faire vacciner, par exemple les nourrissons et les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Cette « immunité collective » réduit globalement les cas de maladie. Lorsque vous faites vacciner votre enfant, vous assurez sa protection, ainsi que celle des gens qui l’entourent.

Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que les vaccins sont sans danger : avant d’être approuvés, ils sont soumis à des tests rigoureux. De plus, les bienfaits qu’ils apportent dépassent largement les inconvénients (p. ex. bras endolori, légère fièvre), qui sont somme toute mineurs.

En revanche, les risques associés à la non-vaccination chez les enfants sont considérables, car certaines maladies évitables par la vaccination peuvent causer des problèmes de santé à long terme. Par exemple, la rougeole peut causer une encéphalite (œdème cérébral), et le virus du papillome humain (VPH) peut entraîner des cancers. Les vaccins, en protégeant contre les infections initiales, aident à prévenir ces complications à long terme.

Du côté pratique, la vaccination donne un coup de pouce au système de soins de santé canadien en faisant la promotion de la santé publique et en permettant de dégager des économies. En effet, la vaccination à grande échelle permet d’éviter les éclosions et de réduire la demande en traitements médicaux, les hospitalisations et les soins de longue durée requis pour des maladies chroniques causées par des maladies évitables, ce qui, en retour, diminue les dépenses consacrées aux soins de santé.

Alors, pourquoi les taux de vaccination chez les enfants sont-ils en baisse? Le contexte de la pandémie de COVID-19 est en partie responsable. Durant cette période, des parents ont pris du retard dans le calendrier vaccinal de leur enfant, et d’autres ont été poussés à bout par les multiples doses de vaccin à recevoir contre la COVID-19. C’est sans compter la vaste mésinformation sur les vaccins contre la COVID-19, qui a éclaboussé d’autres vaccins qui ont pourtant fait leurs preuves depuis plusieurs dizaines d’années. Évidemment, il faut tenir compte d’autres facteurs tels que la peur de la douleur ou des aiguilles.

Comment les parents peuvent-ils protéger leurs enfants? D’abord, il importe de rattraper le retard dans le calendrier vaccinal. Si les risques vous inquiètent, parlez-en à votre médecin ou à un professionnel de la santé publique. Enfin, si votre enfant a peur de la douleur ou des aiguilles, il ne faut pas vous inquiéter : ce sont des peurs très fréquentes. Il y a différents moyens efficaces de gérer la douleur – par exemple les distractions, les anesthésiques topiques ou les stratégies comportementales – et de rendre l’expérience moins stressante pour les enfants comme pour les parents.

Il est crucial de faire vacciner nos enfants et nos jeunes maintenant afin qu’ils deviennent des adultes en santé et d’une grande vitalité. Les vaccins sauvent des vies. La prochaine vie sauvée pourrait être celle d’un enfant qui vous est cher.

Charu Kaushic est directrice scientifique de l’Institut des maladies infectieuses et immunitaires et Christine Chambers est directrice scientifique de l’Institut du développement et de la santé des enfants et des adolescents, tous deux des Instituts de recherche en santé du Canada.

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